Le site de Lumbini, dans la plaine du Teraï, au sud du Népal, a vu naître Siddharta Gautama, plus connu sous le nom de Bouddha, en 623 av. J.-C., ainsi qu’en atteste l’inscription portée sur un pilier érigé par l’empereur Asoka de la dynastie Maurya en 249 av. J.-C. Ce site fait désormais partie du patrimoine mondial de l’Unesco.
Justement, le Népal nous y étions et nous ne pouvions pas échapper à ce lieu qui était comme une étape indispensable à notre quête spirituelle. Cela dit, nos connaissances sur l’histoire du Bouddha nous faisaient plutôt penser que ce brave homme était né au beau milieu de l’Inde ! Certains détails de sa vie n’étaient pas très clairs et c’est en visitant le Népal que nous avons su qu’il était né ici-même, là ou nous nous trouvions. Ce fût une bonne nouvelle à prendre !
L’arbre du Bouddha
Depuis la ville de Pokhara, nous prenons le bus pour nous rendre à Lumbini ; 200 km de route mais le trajet prend environ 8h. C’est long mais voilà, nous sommes au Népal où les routes sont comme elles sont, c’est à dire pas plus larges qu’un camion, quelques fois en terre, quelques fois en goudron puis parsemées d’énormes trous, avec d’innombrables virages où l’on se dit à chaque fois que c’est sûrement le dernier, mais non, ça continue encore et encore… On se demande comment les routes peuvent être encore dans cet état ? Citons par exemple l’axe routier entre Kathmandu et Pokhara fréquenté chaque jour par des centaines de cars touristiques, des camions à plus en finir, des motos, des voitures, c’est du délire. Dès 1950, les touristes ont débarqué dans ce pays et, on peut se poser la question suivante : mais qu’est ce que le gouvernement Népalais a bien pu faire avec l’argent des visas d’entrées (US$ 100 pour un séjour de 3 mois est un exemple) ? Ce n’est en tous cas pas pour entretenir l’aéroport international de Kathmandu, qui ressemble plutôt à un aéroport « domestic » d’une ville sans importance, ni pour l’entretien des routes du pays.
Après un voyage plutôt pénible, nous arrivons finalement dans le petit village de Lumbini, situé au bord d’une route poussiéreuse, à 40 km de la frontière de l’Inde. Nous sommes très vite surpris par le village qui semble être un lieu misérable, perdu entre l’Inde et le Népal, avec un semblant d’infrastructure touristique de bas de gamme. C’est étonnant puisque le site de Lumbini fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco ! On s’attend à quelque chose d’un petit peu mieux. Mais finalement, on réalise rapidement que l’enseignement du Bouddha sur les causes de notre souffrance lié à nos attentes n’est pas utopique…
A Lumbini, on retrouve la crasse et l’ambiance bruyante de l’Inde alors que Bouddha est juste né à quelques kilomètres de là, surprenant ! Dans cette région du Népal, les habitants sont hindouistes et on a l’impression que Bouddha représente peu de chose pour ces gens-là, mis à part un afflux de touristes curieux avec des dollars en poche !
Ruelle principale de Lumbini
Trafic à Lumbini
Lumbini se résume à une petite rue centrale qui accueille la majeure partie des guesthouses et les quelques restaurants rudimentaires. On voit aussi des enfants qui jouent dans la poussière, des vendeurs avec des boutiques se résumant à des petits chariots en bois, des buffles qui avancent dans une direction, des chèvres dans une autre, des chiens qui survivent, des mendiants qui ne font pas semblant, des éclopés poussiéreux et des touristes avec leurs appareils photos qui sourient ! Les guesthouses proposent des chambres aux normes locales, c’est à dire sales, peu confortables, avec des moustiquaires qui laissent passer les moustiques puis, très souvent, des draps déjà utilisés par les clients précédents. Mais le Wifi fonctionne souvent, même en cas de blackout total, incroyable! Avant d’arriver à Lumbini, on pense rester quelques jours sur place mais finalement on change d’avis en vérifiant quel sera le prochain bus pour Pokhara ou Kathmandu !
Lumbini, ce n’est pas qu’un village, c’est surtout le site de l’Unesco qui se trouve juste en face de la rue centrale. Il suffit de traverser la route et nous y voilà. La visite peut se faire à vélo, à pied ou en rickshaw. Une fois entré dans l’enceinte, le calme des lieux bouddhistes reprend le dessus.
De grandes allées mènent aux sites à visiter. Le principal est celui où se trouve le fameux pilier en grès d’Asoka, portant des inscriptions pâlis en écriture brahmi, le temple de Maya Devi (mère de Siddharta) et un arbre (banyan) à l’endroit où est né Siddharta. L’entrée est payante uniquement pour la visite de ce lieu.
L’endroit est très paisible et encore peu fréquenté par des touristes occidentaux. On rencontre plutôt des écoliers Népalais, en sorties scolaires, puis des touristes Indiens et Chinois. Le manque d’infrastructure touristique de Lumbini limite probablement la venue en masse des visiteurs… Du coup, le lieu reste authentique et les autochtones sont plutôt sympathiques et curieux de voir des touristes. On peut par exemple rester un bon moment sous l’arbre du Bouddha sans croiser un chat !
Etudians Népalais
Pilier en grès d’Asoka
En dehors de ce site, la ballade continue dans une nature plutôt sauvage bordée de marais. Nous croisons un bon nombre de chantiers sur notre chemin. Les ouvriers battissent des routes, des ponts, des murs en briques et des temples. On a comme l’impression que quelque chose se passe en ce moment à Lumbini, comme si l’Unesco avait donné un mot d’ordre pour aménager correctement ce lieu. D’après nos renseignements, le Japon aurait investi depuis 2010 pas mal d’argent pour réhabiliter le site et peut être que les Chinois vont s’y mettre également. Nous étions justement en train d’imaginer ce lieu dans dix ans…
Nature des alentours
L’autre particularité de Lumbini et qui nous a bien plu, c’est la visite des temples bouddhistes construits en majorité par des pays d’Asie bouddhistes. Du coup, on passe une paisible journée en se baladant d’un pays à un autre entre la Chine et la Corée, le Myanmar et la Thaïlande puis le Japon et le Sri Lanka tout en observant chaque particularité de l’architecture des temples et celle des représentations du Bouddha. Ces temples sont habités par des moines et des nones. Il est possible de séjourner dans certains temples, en tant que visiteurs, (le Coréen par exemple) plutôt que de choisir l’option du village de Lumbini. Fallait-il encore le savoir ! Puis, dans ce lieu saint, il est possible de suivre des retraites de méditation Vipassana dans le centre de Goenka ou celui de Panditarama.
Temple bouddhiste Népalais
Fresque du Bouddha
Lumbini et la date du 3 octobre 2013 resteront ancrés dans ma mémoire puisque c’est ici que j’ai été informé du décès de mon père. Cet endroit chargé de tranquillité et de sagesse m’a permis de recevoir cette nouvelle d’une manière plus douce et plus sereine.
Dans son ensemble, Lumbini est un lieu atypique et paisible qui mérite d’y consacrer deux bonnes journées. Les personnes qui veulent éviter la route pour se rendre à Lumbini peuvent prendre l’avion jusqu’à Bhairahawa, à quelques kilomètres de là. Laissez-vous juste happer par les bonnes énergies du Bouddha et votre journée restera légère et douce, Namasté.